Confession d’une accro du wedding – Épisode 6 – Le jour où « Houston on a eu un problème »

Je ne vais pas me faire que des amis dans l’épisode du jour mais il faut qu’on parle des DJ.

Les DJ ont un pouvoir incroyable : celui de faire d’un mariage un moment inoubliable. La plupart du temps, pour le meilleur, mais malheureusement parfois pour le pire. 

Retrouve la suite via le podcast « Confession d’une accro du wedding » :

Les DJ de mariage

Je dois dire que dans ma carrière j’ai eu envie d’en mordre ou ou deux. Bien entendu, je ne parle que de mon expérience avec des DJ bien spécifiques et donc, je ne fais pas une généralité. Non, tous les DJ ne sont pas aussi peu investis que celui dont je vais vous parler. 

Et je sais de quoi je parle parce que dans mon métier, j’en ai connu des DJ. Des excellents, des ambianceurs de fou, des mélomanes hyper pointus, des amoureux de leur métier… Et eux, on les aime !

On aime un peu moins le DJ que je cherche pendant 20 minutes pour lancer une animation, et que je retrouve finalement dans sa voiture, en train de fumer autre chose que des cigarettes…

Ou encore celui qui me prévient la veille du mariage à plus de 22 heures, qu’il n’a pas trouvé la musique d’entrée du marié. Alors qu’à moi, il m’a juste fallu 14 secondes de recherche sur Internet pour trouver la version qu’il souhaitait.

Mais ceux-là, m’ont beaucoup moins marqué que celui du mariage d’Héloïse et Jérémy. 

La rencontre avec les futurs mariés

Bien entendu, j’ai l’autorisation des mariés pour le récit de ces mésaventures. Mais comme je vais un peu bitcher, leurs prénoms ont été modifiés. Évidemment, je ne vais pas bitcher à propos des mariés. Non, eux ils sont trop adorables. Par contre, j’aimerais bien ne pas avoir de souci juridique avec leur DJ…

Héloïse et Jérémy donc.

J’avais rencontré Héloïse quelques années plus tôt lorsqu’elle suivait une formation pour devenir… wedding planner ! J’étais formatrice et j’avais été marquée par la bonne humeur communicative de cette petite blonde qui à l’époque était très enceinte. 

Héloïse me recontacte quelques mois avant son mariage en m’annonçant que son compagnon et elle ont tendance à faire les choses à la dernière minute. C’est pourquoi, ils se marient dans 4 mois et cherchent une officiante et une wedding planner sur la Côte d’Azur. Ça tombe bien, moi je me déplace partout où il y a de l’amour et je suis disponible à leur date en pleine semaine. Par contre, à l’époque je me consacre qu’aux cérémonies alors je leur recommande d’autres wedding planner pour la coordination. 

On fait un rendez-vous découverte par visio. Et je découvre que c’est un couple qui vit à 100 à l’heure ! Le rendez-vous est génial, j’ai trop envie de travailler avec eux et ça semble réciproque. Ils me décrivent le mariage de leur rêve et à mon tour, ma façon de travailler ainsi que toutes les possibilités qu’offrent les cérémonies laïques. 

Par exemple, au moment de les proclamer mariés, on est pas obligé d’opter pour une formule traditionnelle du genre : “par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme”. Par les pouvoirs qui me sont conférés par qui, par quoi d’ailleurs ? Par le chèque qu’ils me feront et le contrat qui nous lie. C’est l’exemple que je leur donne, comme je le donne souvent. Pour moi, c’est anodin dans la discussion. Mais pas pour Jérémy. 

Les surprises de la cérémonie laïque

Le rendez-vous suivant, après qu’ils aient signé avec moi pour leur cérémonie, il me confie que depuis notre première rencontre il pense à cette idée géniale que j’ai suggérée. Quelle idée ? Et je vois Héloïse lever les yeux au ciel… “Tu sais, tu pourrais dire “par les pouvoirs qui me sont conférés” en pointant une épée aux cieux et avec de la fumée tout autour de toi”…

Alors d’habitude, je m’efforce de ne pas juger les goûts et choix de mes mariés. Mais là, je ne peux pas m’empêcher de lui dire “mais enfin Jérémy, c’était une boutade !”. “Oui je sais, mais je trouve que c’est chouette, c’est rigolo, c’est décalé, ça nous ressemble”. Bon, ben si ça vous ressemble… 

Je suis plus que dubitative sur cette fin de cérémonie mais les désirs de mes mariés sont des ordres. 

Enfin Héloïse et Jérémy, on ne peut pas dire qu’ils aient été très autoritaires. Ils se sont laissés porter, ils m’ont fait entièrement confiance, au point qu’à un moment j’étais inquiète qu’ils en sachent si peu à propos de la cérémonie. Est-ce qu’ils vont l’aimer du coup ? 

Ils ont quand même choisi ensemble les musiques de la cérémonie et ont prévu “I will always love you” de Whitney Houston pour son arrivée à elle au bras de son papa. 

Mais Héloïse a prévu une surprise… Elle chante super bien et a pris quelques cours pour maîtriser cette chanson. Elle a enregistré en cachette le morceau en studio d’enregistrement pour remplacer la bande-son prévue, par sa version à elle, lors de son entrée. L’idée est géniale, Jérémy va être surpris et tellement touché. Ça, ça va être beau. 

Les couacs qui commencent…

Sauf que j’ai une première fois bien cru que je ne verrais jamais cette surprise puisque le matin du jour J, je dois récupérer ma voiture de location.

Mais problème, c’est une location en libre service donc on ne va pas en agence. On récupère directement la voiture au parking et on l’ouvre grâce à l’application. 

Ce qui devait être un bon plan se transforme en cauchemar puisque j’ai été surclassée. On m’a finalement attribué une chouette voiture, plus haute gamme, boîte automatique, toutes options. La classe… Sauf que normalement, pour louer cette voiture, il faut 5 ans de permis minimum. Moi ça fait 8 mois que je suis enfin une adulte indépendante (ne me juge pas, je vis en plein Paris). Et donc, l’application refuse d’ouvrir la voiture car je ne suis pas éligible à cette gamme. J’appelle le service client. 1 heure d’attente téléphonique. Mais heureusement que je suis du genre ultra prévoyante, que je suis attendue pour 15 h 30, que j’ai une heure de route et que j’ai loué la voiture pour 10 heures du matin. 

Après cette attente, ils m’expliquent qu’ils ne peuvent pas forcer l’application à me laisser déverrouiller la voiture et qu’ils n’ont plus d’autres voitures disponibles. 

La solution que nous trouvons, c’est eux qui vont déverrouiller la voiture à distance… Très pratique, surtout qu’on me demande de rester au téléphone pour le faire. Je descends au parking mais au niveau -3, plus de réseau évidemment. Je dois remonter. Leur téléphoner à nouveau. Attendre encore 15 minutes. Leur expliquer le souci. Qu’ils déverrouillent la voiture alors que je suis encore en haut et descendre en courant pour ne pas la laisser ouverte et sans surveillance trop longtemps… Ouf. On y arrive et je prends enfin la route.

C’est drôle mais arrivé au péage, je reconnais la silhouette d’un motard derrière moi. C’est le marié ! En route lui aussi pour son mariage ! 

Je tente de le suivre mais comme je te l’ai dit, à cette époque j’ai mon permis depuis peu alors je le perds et je dois me fier au GPS. Et là, je remercie quand même la personne qui m’a surclassé et accordé une voiture en boîte automatique parce que les routes de montagne de la Côte d’Azur, wahouuuu. Moi je pensais naïvement qu’en ayant appris à conduire sur le rond point de l’Étoile à Paris (tu sais, celui où il y a l’Arc de Triomphe), ben que je pouvais conduire n’importe où. Eh bien je tire mon chapeau aux sudistes qui survivent à leurs routes de la mort. Je me suis vraiment vue tomber des falaises… 

J’arrive enfin sur place, saine et sauve. Non je n’en fais pas trop. Je dois rappeler le loueur pour qu’il ferme la voiture. Oups, j’ai oublié un truc dans le coffre. Et rebelote, je rappelle pour qu’on m’ouvre. Ce petit jeu me fait moyennement rire et fait rare chez moi, je passe mes nerfs sur la personne que j’ai au téléphone. La sœur de la mariée me surprend sur le parking et j’ai un peu honte, je me dis que ce n’est pas très professionnel… 

et qui s’enchaînent !

Peu importe, pas le temps de trop réfléchir, on a une super cérémonie à célébrer ! 

Et justement, avec la sœur de la mariée et leur cousine, on a prévu en plus de leur discours, le fameux rituel du cocktail, qui consiste ici à mélanger des ingrédients pour créer le cocktail du bonheur pour les amoureux. Et comme la famille d’Héloïse est productrice de champagne, ça sera un cocktail Saint-Germain.

L’équipe de wedding planner m’aide à remplir les petites fioles qui seront distribuées aux invités pour qu’ils puissent trinquer en même temps que les mariés, pendant la cérémonie. 

Au passage, il s’agit d’un de mes rituels préférés. La symbolique est super chouette, il est convivial, festif… Et quand tout le monde lève son verre à la santé des mariés, ça donne des photos de cérémonie canonissimes !

Avant la cérémonie, je fais toujours un point avec tous les prestataires qui en sont acteurs pour bien se coordonner et s’assurer que tout sera fluide. Comme tout le monde est en pleine installation, c’est un peu le rush donc je fais un peu quand chacun à le temps. Je brief donc les vidéastes, la photographe, les wedding planners et… le DJ. Enfin lui, j’essaye. Parce que quand je viens le voir pour lui demander s’il est dispo pour que fasse un point. Il me répond “Je fais ce métier depuis 20 ans, de Paris à Saint-Tropez, alors ça devrait rouler”. 

J’insiste un peu, j’arrive au moins à lui faire dire les titres prévus pour vérifier qu’on ne se trompe pas, mais il m’envoie sur les roses quand je demande à écouter les versions. Et en fait, on ne se comprend pas quand je lui dis, “tu as bien la chanson d’Héloïse ?” Moi je veux dire tu as bien son enregistrement ? Lui comprend “tu as bien la chanson de son entrée ? “Oui, oui c’est bon”. Bon, je sens que je le gave. Il a 20 ans de métier, je ne vais pas lui casser les pieds plus longtemps.

J’aurais dû…

La cérémonie démarre. Le cortège se déhanche sur une chanson des Beatles. Jérémy entre au bras de sa maman, en dansant sur une chanson d’Aznavour. Ça promet une très très belle ambiance. Et on va rajouter quelques émotions avec l’entrée d’Héloïse. 

Les premières notes retentissent, je sens déjà l’émotion de Jérémy qui ne sait pas encore ce qui l’attend. Et les premières paroles. Wahouuuu, Héloïse chante exactement comme Whitney. Pfff, sa voix est incroyable. 

On profite de la chanson mais la mariée se fait attendre. Elle n’arrive pas alors, qu’avant de lancer la cérémonie, je me suis assurée qu’elle était prête. 

Le temps commence à se faire long… Et là, je réalise que si Héloïse à la même voix que Whitney Houston, c’est parce que c’est Whitney Houston qui chante… Hannn, il passe la version originale, mais pourquoi ? 

Je fais signe à la wedding planner de me rejoindre près du DJ, heureusement, la cérémonie est agencée de façon à ce que notre sitting d’urgence reste discret. On lui demande alors pourquoi il ne passe pas la version d’Héloïse. “Parce que je ne l’ai pas”. La wedding planner lui rétorque qu’elle lui a envoyé il y a deux jours par email. Et sa réponse à lui est mythique “tu crois vraiment que je regarde mes emails deux jours avant un mariage ?!”. 

Personnellement, je lis les miens jusqu’à la dernière minute donc à ce moment-là, j’hésite entre rire et pleurer. Bon, il est encore temps de rattraper le coup, tu peux ouvrir tes emails, la télécharger et la passer. Pendant ce temps, tu laisses la version originale pour faire patienter tout le monde et la wedding planner va prévenir la mariée que ça arrive. Malheureusement, on est dans un coin où il y a peu de réseau et le wifi n’est pas fifo, donc il n’arrivera pas à la télécharger à temps.

La wedding planner a la lourde tâche de prévenir la mariée qu’il faut quand même y aller. 

Elle fait son entrée et je ne peux pas m’empêcher de la sentir crispée. Et c’est bien normal.. J’ai le cœur déchiré pour elle.

Je fais signe au DJ qu’il a désormais 30 minutes pour la télécharger et qu’il la diffusera avant les vœux. C’est ce qu’on a fait et c’était beau ! Jérémy tend la main à Héloïse et l’entraîne dans un magnifique slow improvisé.

Le reste de la cérémonie est tellement chouette. Même si le DJ est pénible car il n’attend pas mon signal pour lancer les musiques. Et parfois, quand je marque un court moment de pause, pour marquer l’émotion, il passe une chanson et en fait il me coupe dans mon récit. 

Mais bon, ce n’est pas ce que j’ai envie de retenir de cette cérémonie. Ce que je veux retenir, ce sont les larmes des proches dès les premiers instants. Le sourire retrouvé de la mariée qui vit de si belles émotions. Les larmes de joie du marié qui avait dit que jamais il ne pleurerait ! J’adore leur prouver que si, avec moi, on pleure. 

J’aime me souvenir de ce proche filou qui faisait un peu le malin mais qui au moment de son discours me dit, alors que je viens de l’appeler au pupitre : “je ne peux pas intervenir, j’ai oublié mon texte dans la voiture. Je le ferai plus tard”. C’est bien mal me connaître cher ami : j’ai toujours une copie de secours avec moi, au cas où. Ahah, et il l’a fait son discours. 

J’ai envie de me rappeler qu’on a respecté les croyances du marié en incluant dans la cérémonie une prière en hébreux et le rituel du bris de verre.

Et puis je me souviens de cette idée que j’ai d’abord trouvé saugrenu. Mais en réalité, brandir l’épée et lancer les canons de fumée au moment de les proclamer mariés, c’était génial. Ça leur ressemblait tellement, ça s’intégrait parfaitement à la cérémonie ! Alors merci de proposer des choses folles qui me font sortir de ma zone de confort !

Après la cérémonie, je profite un peu du cocktail et constate qu’aucun invité n’a remarqué les couacs. Ouf. On faisait quand même une belle équipe avec les autres prestataires. 

Les liens avec mes mariés… et leur famille !

Je reprends la voiture pour prendre la route et ni les mariés, ni leurs proches ne veulent me laisser partir. Je finis par être libérée en promettant de revenir célébrer leurs 10 ans. 

À ce moment-là, ils ne se doutaient pas qu’on se reverrait 10 mois plus tard, pour le baptême laïc de leur neveu. La sœur de la mariée qui m’avait surprise en plein drama sur le parking, ne m’avait pas trouvé anti-professionnelle puisque l’année suivante, elle a fait appel à moi pour la cérémonie de son petit dernier. 

Quel plaisir de retrouver toute la famille lors de la cousinade annuelle en plus. C’est drôle car beaucoup se souvenaient de moi. 

Jeune permis oblige, moi qui n’avais pas pu goûter le champagne familial lors du mariage, je suis arrivée plus tôt au baptême pour pouvoir me rattraper. Et je suis même repartie avec quelques bouteilles et ces mots des deux sœurs : “maintenant que tu fais partie de la famille, tu mérites bien notre cuvée spéciale” ! J’ai failli chialer !

Allez je te laisse, j’ai une coupette de champ qui m’attend ! À bientôt pour de nouvelles aventures de wedding entrepreneur.